TORI FUNE
Tori fune est un des exercices que l’on trouve dans le Chinkon kishin no hoo. Ces exercices nous ont été enseignés par Hikitsuchi Michio Sensei. Nous les pratiquons au début de chaque entraînement d’Aïkido.
Pourquoi s’intéresser plus spécialement à tori fune ? C’est parce que cet exercice développe et accroît notre Ki (énergie). Nous allons voir comment.
Tori fune veut dire « mouvement du rameur ».
Description du mouvement :
Avancer le pied gauche et étendre les bras. En fermant les poings comme si vous teniez deux avirons et avec le ki-aï EI, ramener rapidement les mains vers l’arrière, jusqu’aux hanches (os iliaques). Les mains ne doivent pas aller au-delà des os iliaques. Puis avec le ki-aï HO, lancer les mains vers l’avant.
Quand on ramène les mains, imaginer qu’on saisit et qu’on tire vers soi la terre entière ; et quand on étend les bras, imaginer qu’on pousse la terre entière.
Le mouvement entier doit être exécuté rapidement, uniformément comme si on faisait tsuki avec le boo.
La position des pieds : ils sont placés de part et d’autre d’une ligne, le pied gauche parallèle à cette ligne et le pied droit forme un angle de 75° par rapport à cette ligne, une largeur d’un poing environ entre les deux talons. En taiji quan, on appelle cette posture « position en forme d’arc ». Lorsque le poids du corps est devant, c’est la « posture de l’archer », quand il est derrière, c’est la « posture assise ».
Comme nous venons de le voir pour tori fune, nous passons d’une jambe sur l’autre. Il en est de même pour le taiji quan. Le déplacement d’une jambe sur l’autre ou changement du plein vers le vide et réciproquement est créateur d’énergie.
Dans un premier temps, il faut bien s’appliquer à déplacer le centre de gravité d’une jambe sur l’autre, l’amener à 99 % pour la posture de l’archer (attention le genou ne doit pas dépasser la pointe du pied, chercher l’alignement sinciput-kua-talon) puis de même pour la posture assise pour que la différence entre le plein et le vide soit bien marquée, alignement sinciput-kua, talon.
Le déplacement du poids du corps s’exécute en ligne droite.
« Sans aucun doute, un tel équilibre est pauvre mais avec un renforcement progressif du Gongfu(2) la différence sera si réduite que le passage se fera de 49 à 51 » nous dit Maître Yue Tan. Il rajoute : « pour finir le pratiquant parviendra à se tenir aussi solide qu’une montagne et se déplacera en continue comme une roue qui tourne.
A ce stade là, le mouvement se fait en S entre les deux talons et les deux kua . Ainsi les conditions sont réunies pour que le yao se manifeste.
LE RAMEUR
Un des exercices de base pour la pratique du taiji quan que l’on nomme « RAMER(3) » nous permet d’expérimenter le yao :
- Prendre la « posture de l’archer » sur la jambe gauche , les mains étendues devant soi, les paumes dirigées vers l’avant, bras à l’horizontale.
- Avec un petit cercle du poignet initié par le yao retourner les paumes vers le haut. Dans l’inspiration mettre le poids du corps sur la jambe droite, « position assise », en laissant tomber les bras devant soi jusque sur les côtés du corps, les paumes tournées vers le ciel.
- En gardant le poids du corps sur la jambe arrière, lever les mains à hauteur des épaules, paumes dirigées vers l’avant, sous l’impulsion du yao, faire un quart de cercle vers le bas.
- Dans l’expiration, déplacer le poids du corps devant, tout en ramenant les bras devant soi à hauteur d’épaules.
- Recommencer le mouvement plusieurs fois et changer de jambe.
- Ces mouvements se pratiquent lentement. L’essentiel (l’essence du mouvement) se situe dans la transition entre l’avant et l’arrière (position de l’archer) et entre l’arrière et l’avant (position assise). Apporter beaucoup d’attention à ces passages.
1. KUA désigne l’articulation coxo-fémorale , le sillon inguinal. C’est un passage d’énergie très important entre le haut du corps et les jambes
2. GONGFU : littéralement c’est le travail, le mérite. Il désigne donc à la fois la pratique et le résultat acquis.
3. Voir l’ouvrage Chemin, Joël. 1999. L’Aïkido à la lumière du Taïchi chuan. Editions Dervy.